« et si nous nous
amusions avec les mots
Je vous propose d'écrire une courte histoire en utilisant mes mots suivants :dame , échec , carte , correspondance , urbain , humain , original , lire
(à accorder si besoin )
qui tente le coup d'ici lundi ? »
Je vous propose d'écrire une courte histoire en utilisant mes mots suivants :dame , échec , carte , correspondance , urbain , humain , original , lire
(à accorder si besoin )
qui tente le coup d'ici lundi ? »
Une communauté G+ : écrire
pour le plaisir ; une forme de jeu déjà trouvé dans les
pages de ce réseau social au mois de juin ; une idée lancée
par une participante à une formation dans le cadre d'une
association pour des jeunes qui ont envie de se raccommoder avec
les savoirs « de base » , avec l'école ou une
formation parce que galérer sans trouver d'autre place que celle
de « hittiste » dans la cité au bout d'un moment ils
en ont fait le tour et admis que c'était limité pour l' avenir
Je me suis alors lancée pour en
faire la proposition ; il me reste à écrire .
Un porche entre deux maisons de la rue
d'Italie , passage dallé qui débouche dans une cour vide pour
l'instant . Une salle de prières pour les musulmans du quartier ,
principalement ceux qui habitent les vieilles maisons du faubourg
Montmélian . Un lieu pour eux important mais qui n'est pas repéré
sur le plan de la ville . Ce sont essentiellement les chibanis
qui y viennent .
Lorsqu'on les croise dans le
quartier peu d'entre nous les regardent ; pire même , peu
les voient : ils sont comme des ombres fondues avec le paysage
urbain .
Ce
sont des humains
comme vous et moi mais nombre de passants ne les voient pas
ainsi ; coutumes différentes, discrets et surtout de religion
différente dans Chambéry la catholique .
Dans la cour
s'ouvre une traboule étroite ,de la largeur d'un homme , à l'autre
extrémité de laquelle point la lumière d'une autre cour comme
à travers le chas d'une aiguille .
Là se trouve
une petite épicerie tenue par un algérien , un ancien de
l'industrie de l'aluminium en Maurienne . Dans une salle annexe
ouvrant derrière la caisse quelques tables , une cafetière , un
réchaud .
A
la fin de la prière , surtout pour le vendredi , une parte des
anciens s'y retrouvent et sortent les cartes ,
les jeux de dames et ceux d'échecs
, les dominos , le jacquet qui se trouvaient sur des étagères
. Jouer pour de l'argent est haram alors c'est le perdant de
chaque partie qui passe à l'épicerie acheter une bouteille de
gazouze à partager avec tous ceux qui sont là ,
des pistaches ou des cacahuètes sucrées . L'important est que le
stock soit toujours renouvelé
C'est de la même
façon que sucre , thé , café sont toujours à disposition
à côté de « la presse »
(la cafetière
italienne de douze tasses ).
Quand la
compagnie arrive il y en a toujours un qui s'en occupe et remplit
le thermos pour que chacun puisse se servir un kawa .
Le premier qui
est servi c'est un vieux qui a appris le français en Algérie à
l'école des indigènes puis est venu en France avec ses parents
dans les années 50 ; il a passé son certificat d'étude à
l'école Caffe , l'école de garçons pour le quartier , puis est
entré à la Poste .
Cheik
Ali sert d'écrivain public pour ceux qui en ont besoin :
courriers administratives
essentiellement , dossiers de CMU , de retraite , renouvellement de
carte de séjour , lecture des notices d'organismes divers à
qui il faut toujours envoyer un document manquant .
Celle ci sera
apportée la semaine suivante , photocopiée à l'épicerie et
envoyé .
Cheik Ali ne
se fait pas payer mais celui qui a recours à ses services laisse ,
quand il peut , un ou 2 euros pour le timbre , la photocopie ,
l'enveloppe .
Parfois c'est une ordonnance , un courrier de l'hôpital qu'il
faut lire .
Il y a
longtemps que la correspondance avec le bled ne passe plus pas
les mains de Cheik Ali .
Certaines épouses ont rejoint leur conjoint : regroupement
familial ; d'autres sont restées là bas , le début de
leur vie commune marquée par le fait d 'être engrossées
à chaque passage au pays , ou presque , de l'immigré qui
envoyait des mandats . Quelques vieux rentrent au bled encore
toutes les années ou peu s'en faut . D'autres n'ont plus
d'attaches là bas . Ce sont les vieux de la mosquée qui
feront la toilette mortuaire et l'accompagneront au carré des
musulmans au cimetière de Charrière neuve .
Cheik Ali regrette ce temps là , plus rien d'original
à lire ou à écrire , dans les mots utilisées par les uns ou
les autres dans les correspondances
familiales :
« Ton fils
est né ; ta mère a dit de l'appeler Mohamed comme les
aînés de toutes tes soeurs . Si tu reviens cet été il pèsera
sans doute presque autant que le kebch *à égorger pour l'Aïd si
il continue à manger comme ça mais il sera bien plus beau »
« Il est
beau ? Alors ce 'est pas le mien .De toute façon de l'argent
je n' aurai sans doute pas les 2 millions qu'il faudra si déjà
je paye l'avion »
*mouton
Il est
possible de faire d' autres choses de ces mots
Elle est là sur le quai de la gare
semblant regarder la Rotonde .Elle a le regard vide , elle
est tournée vers ses pensées .
C'est une dame ,
pas seulement une femme , une dame de la bourgeoisie
provinciale et qui en porte les attributs : tailleur bleu
marine de bon faiseur ,chemisier crème , croix Jeannette au
coup et diamants aux oreilles , son alliance et la bague de
fiançailles discrète , une gabardine grise ouverte , des
escarpins assortis
Elle attend , la « Vie nouvelle » à la main ; pas
pour lire le
journal mais pour se donner une contenance , sauvegarder les
convenances ….
Elle s'inquiète …
Le
train venant d'Aix entre en gare ; il assurait la
correspondance
vers Chambéry et la Maurienne pour les passagers du TGV Paris
-Annecy .
Elle sait que son fils aîné y est mais ne sait pas comment
lui dire ce qu'elle porte en silence depuis quelques semaines .
A
sa dernière visite elle n'a pas pu lui parler , évoquer la
situation , mais maintenant que sa décision est prise il va
falloir qu'elle l'en informe .
Elle a vu sa soeur , religieuse de Saint Joseph , hier ;
cette dernière l'a confortée dans son choix
« Il
y a plusieurs années que tu aurais dû franchir le pas .Rester
pour les enfants n'est pas la bonne solution ni pour toi , ni
surtout pour eux »
« Je
ne comprend pas que tu aies supporté ceci aussi longtemps et ,
maintes fois , reconnais le j'ai essayé de t'en parler . Pour
chacun de tes projets au lieu de t'accompagner il en annonçait
l'échec programmé
et te mettait les bâtons dans les roues . Il en a été ainsi
quand tu as repris ton travail à mi-temps en refusant
d'accompagner les aînés à l'école alors qu'elle était sur
son trajet et que cela ne l'obligeait même pas à modifier ses
horaires .
Les
succès obtenus dans cette association de lutte contre
l'analphabétisme il l'a imputée aux autres , à ceux qui
travaillaient à tes côtés et même quand tu apportais un plat
particulièrement appétissant et goûteux lors des repas de
famille le mérite devait en revenir à sa mère qui t'avait bien
brieffée quand au savoir -faire lorsqu'elle t'avait confié sa
recette .
Il
est grand temps d'agir maintenant que tu acceptes de voir ce que
tes yeux regardent depuis que tu les as ouverts »
Elle a rencontré son confesseur , plusieurs fois , et lui aussi l'a
aidé à accepter cette démarche qu'elle remettait de semaine en
semaine sous prétexte qu'elle avait donné sa parole devant Dieu
et les hommes ; ne pas confondre l'image qu'il voulait
donner de lui même et la personne , l'engagement est pris envers
un humain , pas
un androïde .
Elle
vient de rencontrer l'avocat qui lui a été conseillée et dont la
carte
est rangée dans la poche de sa veste .
Rien
à voir avec l'homme de loi quelle avait contacté en début de
semaine , choisi d'après son espace publicitaire sur l'annuaire ;
affable , urbain dans
tous les sens du mot .Un individu qui lui a rappelé son mari
et qui peut être a l'occasion de rencontrer celui ci dans
diverses réunions .
Son
estomac a marqué la répulsion et la peur par une nausée
d'angoisse à peine l'a t'elle vu venant chercher sa précédente
cliente dans la salle d'attente . Elle bredouillé des excuses
embrouillées , rien d'original
à propos du retard pris par le juriste et un rendez vous
important et a fuit .