lundi 11 février 2013

que d'histoires différentes dans un même cadre


« et si  nous  nous amusions  avec les mots
 Je vous propose d'écrire  une courte  histoire  en utilisant  mes mots suivants :dame , échec , carte , correspondance , urbain , humain , original , lire
 (à accorder si besoin )
qui tente le coup  d'ici lundi ? »

Une communauté G+ : écrire pour le plaisir ; une forme de jeu déjà trouvé dans les pages de ce réseau social au mois de juin ; une idée lancée par une participante à une formation dans le cadre d'une association pour des jeunes qui ont envie de se raccommoder avec les savoirs « de base » , avec l'école ou une formation parce que galérer sans trouver d'autre place que celle de « hittiste » dans la cité au bout d'un moment ils en ont fait le tour et admis que c'était limité pour l' avenir
Je me suis alors lancée pour en faire la proposition ; il me reste à écrire .


Un porche entre deux  maisons de la rue d'Italie , passage dallé qui débouche dans une cour vide pour l'instant . Une salle de prières pour les musulmans du quartier , principalement ceux qui habitent les vieilles maisons du faubourg Montmélian . Un lieu pour eux important mais qui n'est pas repéré sur le plan de la ville . Ce sont essentiellement les chibanis qui y viennent .
Lorsqu'on les croise dans le quartier peu d'entre nous les regardent ; pire même , peu les voient : ils sont comme des ombres fondues avec le paysage urbain .
Ce sont des humains comme vous et moi mais nombre de passants ne les voient pas ainsi ; coutumes différentes, discrets et surtout de religion différente dans Chambéry la catholique .

Dans la cour s'ouvre une traboule étroite ,de la largeur d'un homme , à l'autre extrémité de laquelle point la lumière d'une autre cour comme à travers le chas d'une aiguille .
Là se trouve une petite épicerie tenue par un algérien , un ancien de l'industrie de l'aluminium en Maurienne . Dans une salle annexe ouvrant derrière la caisse quelques tables , une cafetière , un réchaud .
A la fin de la prière , surtout pour le vendredi , une parte des anciens s'y retrouvent et sortent les cartes , les jeux de dames et ceux d'échecs , les dominos , le jacquet qui se trouvaient sur des étagères . Jouer pour de l'argent est haram alors c'est le perdant de chaque partie qui passe à l'épicerie acheter une bouteille de  gazouze  à partager avec tous ceux qui sont là , des pistaches ou des cacahuètes sucrées . L'important est que le stock soit toujours renouvelé
C'est de la même façon que sucre , thé , café sont toujours à disposition à côté de « la presse »
(la cafetière italienne de douze tasses ).
Quand la compagnie arrive il y en a toujours un qui s'en occupe et remplit le thermos pour que chacun puisse se servir un  kawa .
Le premier qui est servi c'est un vieux qui a appris le français en Algérie à l'école des indigènes puis est venu en France avec ses parents dans les années 50 ; il a passé son certificat d'étude à l'école Caffe , l'école de garçons pour le quartier , puis est entré à la Poste .
Cheik Ali sert d'écrivain public pour ceux qui en ont besoin : courriers administratives essentiellement , dossiers de CMU , de retraite , renouvellement de carte de séjour , lecture des notices d'organismes divers à qui il faut toujours envoyer un document manquant .
Celle ci sera apportée la semaine suivante , photocopiée à l'épicerie et envoyé .
Cheik Ali ne se fait pas payer mais celui qui a recours à ses services laisse , quand il peut , un ou 2 euros pour le timbre , la photocopie , l'enveloppe .
Parfois c'est une ordonnance , un courrier de l'hôpital qu'il faut lire .
Il y a longtemps que la correspondance avec le bled ne passe plus pas les mains de Cheik Ali .

Certaines épouses ont rejoint leur conjoint : regroupement familial ; d'autres sont restées là bas , le début de leur vie commune marquée par le fait d 'être engrossées à chaque passage au pays , ou presque , de l'immigré qui envoyait des mandats . Quelques vieux rentrent au bled encore toutes les années ou peu s'en faut . D'autres n'ont plus d'attaches  là bas . Ce sont les vieux de la mosquée qui feront la toilette mortuaire et l'accompagneront au carré des musulmans au cimetière de Charrière neuve .
Cheik Ali regrette ce temps là , plus rien d'original à lire ou à écrire , dans les mots utilisées par les uns ou les autres dans les correspondances familiales :
« Ton fils est né ; ta mère a dit de l'appeler Mohamed comme les aînés de toutes tes soeurs . Si tu reviens cet été il pèsera sans doute presque autant que le kebch *à égorger pour l'Aïd si il continue à manger comme ça mais il sera bien plus beau »
« Il est beau ? Alors ce 'est pas le mien .De toute façon de l'argent je n' aurai sans doute pas les 2 millions qu'il faudra si déjà je paye l'avion »
*mouton




Il est possible de faire d' autres choses de ces mots


Elle est là sur le quai de la gare semblant regarder la Rotonde .Elle a le regard vide , elle est tournée vers ses pensées .
C'est une dame , pas seulement une femme , une dame de la bourgeoisie provinciale et qui en porte les attributs  : tailleur bleu marine de bon faiseur ,chemisier crème , croix Jeannette au coup et diamants aux oreilles , son alliance et la bague de fiançailles discrète , une gabardine grise ouverte , des escarpins assortis
Elle attend , la « Vie nouvelle » à la main ; pas pour lire le journal mais pour se donner une contenance , sauvegarder les convenances ….
Elle s'inquiète …
Le train venant d'Aix entre en gare ; il assurait la correspondance vers Chambéry et la Maurienne pour les passagers du TGV Paris -Annecy .
Elle sait que son fils aîné y est mais ne sait pas comment lui dire ce qu'elle porte en silence depuis quelques semaines .
A sa dernière visite elle n'a pas pu lui parler , évoquer la situation , mais maintenant que sa décision est prise il va falloir qu'elle l'en informe .
Elle a vu sa soeur , religieuse de Saint Joseph , hier ; cette dernière l'a confortée dans son choix
« Il y a plusieurs années que tu aurais dû franchir le pas .Rester pour les enfants n'est pas la bonne solution ni pour toi , ni surtout pour eux »
« Je ne comprend pas que tu aies supporté ceci aussi longtemps et , maintes fois , reconnais le j'ai essayé de t'en parler . Pour chacun de tes projets au lieu de t'accompagner il en annonçait l'échec programmé et te mettait les bâtons dans les roues . Il en a été ainsi quand tu as repris ton travail à mi-temps en refusant d'accompagner les aînés à l'école alors qu'elle était sur son trajet et que cela ne l'obligeait même pas à modifier ses horaires . 
 Les succès obtenus dans cette association de lutte contre l'analphabétisme il l'a imputée aux autres , à ceux qui travaillaient à tes côtés et même quand tu apportais un plat particulièrement appétissant et goûteux lors des repas de famille le mérite devait en revenir à sa mère qui t'avait bien brieffée quand au savoir -faire lorsqu'elle t'avait confié sa recette .
Il est grand temps d'agir maintenant que tu acceptes de voir ce que tes yeux regardent depuis que tu les as ouverts »
Elle a rencontré son confesseur , plusieurs fois , et lui aussi l'a aidé à accepter cette démarche qu'elle remettait de semaine en semaine sous prétexte qu'elle avait donné sa parole devant Dieu et les hommes ; ne pas confondre l'image qu'il voulait donner de lui même et la personne , l'engagement est pris envers un humain , pas un androïde .
Elle vient de rencontrer l'avocat qui lui a été conseillée et dont la carte est rangée dans la poche de sa veste .
Rien à voir avec l'homme de loi quelle avait contacté en début de semaine , choisi d'après son espace publicitaire sur l'annuaire ; affable , urbain dans tous les sens du mot .Un individu qui lui a rappelé son mari et qui peut être a l'occasion de rencontrer celui ci dans diverses réunions .
Son estomac a marqué la répulsion et la peur par une nausée d'angoisse à peine l'a t'elle vu venant chercher sa précédente cliente dans la salle d'attente . Elle bredouillé des excuses embrouillées , rien d'original à propos du retard pris par le juriste et un rendez vous important et a fuit .